06.05.202 - Samir El Ouardighi[1]
[1] https://www.medias24.com/deconfinement-la-reprise-des-transports-vue-par-addou-khlie-et-hifdi-10075.html
EXCLUSIF. A
la sortie du confinement, les transporteurs de passagers seront obligés
d'adopter des mesures de protection pour éviter une éventuelle propagation
du coronavirus. Selon le président de la RAM, celui de la Fédération du
transport-CGEM et le directeur général de l’ONCF, la distanciation ne
sera pas sans effet sur le prix du voyage, aérien, ferroviaire ou routier.
En
attendant la réouverture des lignes aériennes, ferroviaires et routières qui
assurent le transport interurbain et international, les transporteurs
s’interrogent sur l’impact financier de l’introduction des mesures de
distanciation pour renforcer la sécurité sanitaire et rassurer les clients
après la fin du confinement.
·
La distanciation : un tiers de sièges en
moins dans les avions
Questionné
sur la faisabilité de l'idée de supprimer un siège à côté de chaque passager
d'avion pour éviter tout contact physique, Abdelhamid Addou, président de la
RAM déclare que cette option n’est pas à exclure.
"Si on
décide de ne pas vendre un siège, il n’y a pas besoin de le retirer physiquement,
il suffit juste de ne pas le commercialiser et l’histoire sera réglée.
"Cela
voudrait donc dire qu’il faudra enlever de la vente tous les sièges du
milieu ce qui représentera à peu près un tiers de la capacité d’accueil
d’un avion.
"A la
question de savoir si c’est faisable, la réponse est oui mais à
celle de savoir si la RAM va le faire, la décision ne nous appartient pas car
c’est celle des autorités des aviations civiles du monde entier.
"En
effet, c’est à eux de décider et d’imposer des nouvelles normes sanitaires qui
devront, après le déconfinement, être exécutées par toutes les compagnies
aériennes de la planète.
"De
son côté, la RAM peut exiger que ses passagers portent des masques quand
ils montent à bord de ses avions mais la décision de réduire à l’avance sa
capacité d’accueil pour des raisons de sécurité n’est pas de notre ressort.
"Si
après les attentats du 11 septembre 2001, on ne pouvait plus faire monter en
cabine une bouteille d’eau de plus d’un litre, il n’est pas exclu que ce genre
de démarche de distanciation soit proposé par les régulateurs et les aviations
civiles du monde entier", commente le président.
·
Une mesure qui impliquera une hausse des
tarifs
Selon lui,
si cette mesure de distanciation est appliquée, elle ne manquera pas d’impacter
à la fois les recettes de la RAM ainsi que le portefeuille de ses
clients.
"D’un
point de vue sécuritaire, cette mesure est peut-être souhaitable mais pas au
niveau économique car aucune compagnie ne sera en mesure de maintenir sa rentabilité
avec un tiers de sièges en moins. En effet, cela entrainerait de facto
un renchérissement du prix des billets d’avion.
"Augmenter
les tarifs au moment où la demande sera en repli dans un contexte de
crise économique avec des gens méfiants avant de remonter dans un
avion ou de voyager dans l’absolu sera extrêmement difficile à gérer voire à
imposer.
"Le
problème n’est pas l’avion mais plutôt de quitter sa maison et sa ville pour
aller ailleurs. Si la demande est faible et qu’en plus, vous augmentez les
prix, il y a un risque non négligeable de destruction de l’industrie",
prévient, visiblement inquiet, Addou.
Devant
notre insistance pour savoir s’il avait prévu ce scénario, le président déclare
que la RAM n’aura pas d’autre choix que de s’exécuter si les autorités
mondiales lui imposent la distanciation sociale.
"Encore
une fois, techniquement c’est faisable mais si on est obligé de l’appliquer,
notre compagnie n’aura d’autre choix que de devoir automatiquement revoir
complètement son modèle économique.
·
La survie de l’industrie aérienne menacée
"Aujourd’hui,
il y a des spéculations dans un sens comme dans l’autre avec par exemple, le
PDG de Ryanair qui a déclaré qu’il n’appliquerait pas cette mesure et
qu’il préférait arrêter tous les vols de sa compagnie plutôt que de
couler son business.
"De
son côté, Air France affirme y penser sérieusement et qu'en cette
période de basse demande avec la majorité de ses avions cloués au sol, tout le
monde peut le faire en théorie.
"Le
problème est que le jour où la demande reviendra, si on continue à
vendre un tiers de sièges en moins, il sera très compliqué pour notre industrie
de survivre dans le temps", avance Addou
A la
question de savoir s’il n’y avait pas d’autre choix que d’augmenter le prix des
billets pour compenser les sièges en moins, le président ne voit pas d’autre
alternative.
"Sachant
que vous avez un avion qui décolle d’un point A à un point B, cette machine a
un coût en termes d’amortissement (achat, leasing …), de carburant, de
personnel, de taxes aéroportuaires… qu’il faut payer quel que soit le taux de
remplissage.
"Les
charges sont les mêmes avec un avion plein à 100% ou à 65%",
conclut le président qui ajoute qu’un avion n’est rentable qu’à partir
d’un taux minimal d’occupation de 75%.
· L’ONCF attend les
instructions des pouvoirs publics
Joint à son
tour, le DG de l’ONCF, Mohamed Rabie Khlie, affirme que la compagnie
ferroviaire publique est en train d’étudier plusieurs scénarios de reprise
pour l’après-confinement.
"Pour
l’instant, nous attendons les phases que les pouvoirs publics vont
arrêter pour le déconfinement ainsi que les restrictions qui seront
imposées pour chaque phase", temporise le DG.
Selon lui, en
attendant le déconfinement, l’ONCF continue d’assurer un service minimum
pour la navette domicile-travail avec une occupation des trains
d’environ 50%.
·
Le taux d’occupation actuel de 50% des
trains ne pourra pas durer après le déconfinement
"Cette
restriction qui n’a pas engendré de hausse des tarifs des voyages pourra être
observée après le déconfinement mais il sera difficile de la tenir dans la
durée", annonce Khlie qui laisse entendre que la poursuite de la
distanciation sociale aura un coût et donc un impact sur le prix des billets de
train.
" A la
lumière du plan de déconfinement qui sera retenu par les pouvoirs publics,
l’ONCF prendra toutes les dispositions et mesures pour mettre ses passagers
en confiance et les transporter dans les meilleures conditions de
sécurité sanitaire", conclut le directeur général.
·
Tous les transporteurs routiers à l’arrêt
hormis ceux du personnel
De son
côté, Abdelilah Hifdi, président de la fédération du transport de la CGEM,
nous déclare que la profession de transporteurs est confrontée à une grande
inconnue.
"Quelles
vont être les décisions administratives qui seront prises en fonction de
l’évolution de la pandémie et est-ce que l’Etat va continuer à limiter l’offre
de transport ou sa capacité en places ?
"Avec l’arrêt
total des lignes d’autocars interurbains, du transport scolaire, du
transport touristique …, il ne reste que le transport de personnel
qui travaille à 40% de sa capacité normale.
·
La distanciation Zig Zag fait travailler à
perte
"De
plus, la distanciation intitulée Zig Zag le fait travailler avec 50%
de sa capacité d’accueil car chaque passager est séparé de son voisin par
un ou 2 fauteuils vides. Ainsi, entre baisse d’activité et moins de sièges
remplis, ces transporteurs travaillent à perte en attendant des jours
meilleurs.
"Après
le déconfinement, les grandes entreprises de transport routier interurbain
(CTM, Supratours…) pourront, si l’Etat leur demande, faire l’effort de
fonctionner à 50% de leur capacité mais cela ne pourra se faire que sur du
court-terme.
"Autrement
dit, avec le peu de sièges occupés, il ne sera plus possible de maintenir
les mêmes prix
de transport interurbain après le déconfinement.
de transport interurbain après le déconfinement.
·
Des autocars équipés de compartiments pour
respecter la distanciation ?
"A ce
propos, notre fédération est en train de développer avec les constructeurs, des
autocars qui auront des compartiments équipés de système de
climatisation individuelle contre le Covid 19.
"Chaque
passager aura son compartiment sécurisé qui ne nécessitera plus de
distanciation sociale.
"Sachant
que le 1er prototype est presque achevé, nous pensons que c’est la
solution idéale pour mieux gérer l’après-confinement", révèle Hifdi, très
optimiste sur son futur succès commercial.
·
"Pour mieux se protéger, nous
n’échapperons pas à la vérité des prix"
Interrogé
sur son coût supplémentaire pour les voyageurs, le président dénonce
d’abord le fait que le prix des tickets de transport interurbain soient
toujours administrés par l’Etat.
"Tous
les types de transport de passagers sont libéralisés à l’exception
des voyages interurbains en autocar où la tarification est du ressort de
l’Etat à l’image du prix du pain. S’il est trop tôt pour parler d’une
libéralisation des prix, la crise du Covid 19 va, selon moi, certainement faire
bouger les lignes.
"Ainsi,
si l’Etat veut maintenir la distanciation, il faudra équiper tous les moyens de
transport et nous n’échapperons donc pas à la vérité des prix", conclut le
président de la fédération du transport.
[1] https://www.medias24.com/deconfinement-la-reprise-des-transports-vue-par-addou-khlie-et-hifdi-10075.html
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